Hier soir, sortie de l'école, ma fille, 6 ans, m'annonce avec des trémolos dans la voix :
" Tu ne pourras pas venir au spectacle de fin d'année parce qu'il y a des méchants qui tuent les gens, et s'ils viennent dans l'école ils vont tirer sur tout le monde"
C'est dur d'entendre ces mots de la bouche de son enfant.
C'est dur de voir sa déception.
C'est dur de la voir complètement dépasser par des événements qu'elle n'a pas encore la maturité de comprendre.
Alors je suis en colère. Pas contre les enseignants ou l'école, qui ne font que se plier aux règles qu'on leur impose. Non, je suis en colère parce qu'en France, aujourd'hui, on n'est plus libre.
Ça me donne l'impression que les terroristes ont gagné. Les attentats, perpétués ces derniers mois à Paris puis à Bruxelles, ont eu l'effet escompté. On a peur. Pour nous, pour nos enfants.
Je comprends que l'État veille à la sécurité de nos enfants et prenne des mesures pour les protéger. Mais, je ne suis pas certaine que de vivre cacher, terrer dans les classes soit une bonne solution.
Cette année, les exercices d'évacuation de l'école en cas de danger, se sont transformés en traque. Avant on craignait un incendie, aujourd’hui les enfants apprennent à ramper par terre pour ne pas se faire tirer dessus.
La question que je me pose est de savoir si de céder à cette peur, n'est pas une manière de capituler. Ne devrait-on pas apprendre à nos enfants à lutter contre cette intimidation dans un pays où les mots Liberté, Égalité , Fraternité sont inscrits à l'entrée de chaque école.
A 6 ans, ma fille ne comprend pas grand-chose de tout ça. Cette phrase, prononcée à la sortie de l'école, le montre bien.
Alors j'ai de la peine. De la peine de voir grandir mes enfants dans un pays où finalement nous ne sommes plus tout à fait libres. De la peine de voir qu'une poignée d'extrémistes se terrant à des milliers de kilomètres prennent le dessus sur nos vies, notre quotidien, et nous prennent des petits moments de bonheur de nos enfants.
Alors voilà, cette année je n'aurai pas la chance d'assister au spectacle de fin d'année de ma fille, parce que comme elle le dit si bien avec ses mots d'enfants, il y a des méchants qui tuent les gens.